Tara


Attestant de son amour pour les choses non conventionnelles, l’engouement de Târâ pour les casse-têtes était aussi le seul comportement qui la distinguait encore de son appartenance au clan des chats sauvages d’Asie du sud est, sans s’en constituer le déshonneur.
Il fallait être patient, pour venir à bout d’un Rubiks cube (et plus encore s’il s’agissait d’un modèle 4x4 livré sans notice).
Aussi Târâ y perdait-elle beaucoup du temps qui servait aux autres chats à se nourrir.
En Thaïlande, trente huit espèces de rongeurs se relayaient jour et nuit pour éveiller son instinct de prédation, et trouvaient très injurieux le peu d’intérêt qui se manifestait dans les grognements agacés du demi-félin concentré. Beauté maigrissante, Târâ offrait en pâture le triste tableau de l’intelligence assise, et l’on dut finalement retirer ses jouets au chat.
Mais il était trop tard, le joli corps, d’une trop longue immobilité s’était changé en pierre.
C’est ainsi que Târâ put connaitre, à titre posthume, son heure de gloire, quand elle se fut vendue une fortune à un amateur un peu candide, et très heureux de posséder enfin une statue authentique de Bastet dans son jardin.

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