Printemps
Printemps
On peut écouter Mad World de Gary Jules avec un verre de vin sans être dépressif. Le
prérequis se situant plus volontiers dans la nécessaire prédisposition à le
devenir. Je chipote, pensez-vous. Non. L’irruption d’une jolie dépression durable
doit être désirée et planifiée.
On ne peut laisser l’alcool et une chanson triste se permettre quelques
privautés sans être parfaitement conscient des risques que l’on prend. Ce
serait d’une inconséquence analogue au projet de coupler de la ricotta avec du Nutella*
sans avoir spécialement prévu de prendre du poids dans l’immédiat. Bien sûr, il
y a des accidents. Un kilo qui arrive plus vite que prévu, une profonde
tristesse d’origine apocryphe. Et parfois, ils deviennent des gens bien. On
apprend à les aimer, parce que finalement, ce sont les commensales parfaits de
notre incroyable aptitude à la mélancolie, qui elle-même accompagne si bien
l’infatigable diversité de la vie.
Une nuance cependant : si le pessimisme
persévérant fera un très bon artiste, il est plutôt rare de voir le couple
ricotta et Nutella engendrer une graine de chef cuisinier. Mais que ces deux derniers se
rassurent, en plus des kilos, ils apportent quand même beaucoup de bonheur.
C’est bien aussi, le bonheur.
*Essayez.
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