Printemps


Printemps

 
 
Fenêtre de l'hôtel, Edward Hopper, 1955

 

On peut écouter Mad World de Gary Jules avec un verre de vin sans être dépressif. Le prérequis se situant plus volontiers dans la nécessaire prédisposition à le devenir. Je chipote, pensez-vous. Non. L’irruption d’une jolie dépression durable doit être désirée et planifiée.

On ne peut laisser l’alcool et une chanson triste se permettre quelques privautés sans être parfaitement conscient des risques que l’on prend. Ce serait d’une inconséquence analogue au projet de coupler de la ricotta avec du Nutella* sans avoir spécialement prévu de prendre du poids dans l’immédiat. Bien sûr, il y a des accidents. Un kilo qui arrive plus vite que prévu, une profonde tristesse d’origine apocryphe. Et parfois, ils deviennent des gens bien. On apprend à les aimer, parce que finalement, ce sont les commensales parfaits de notre incroyable aptitude à la mélancolie, qui elle-même accompagne si bien l’infatigable diversité de la vie.
 
Une nuance cependant : si le pessimisme persévérant fera un très bon artiste, il est plutôt rare de voir le couple ricotta et Nutella engendrer une graine de chef cuisinier. Mais que ces deux derniers se rassurent, en plus des kilos, ils apportent quand même beaucoup de bonheur.
C’est bien aussi, le bonheur.




*Essayez.

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